Il est hallucinant de constater combien les autres peuvent projeter sur nous et nos projets des obstacles imaginaires.

Il y a d'abord ceux qui s'avouent genés par notre propos et peut-être par jalousie de ne pas pouvoir avoir de pensée aussi structurée. Ils vont essayer de vous ramener dans les sentiers battus de la pensée automatique, bien ordonnée, non-dérangeante. Ces personnes-là n'ont pour votre originalité de vues aucune ouverture et aucune patience. Surtout, tout faire pour que vous n'ayez pas la place de vous exprimer. Ces personnes sont paradoxalement les mêmes qui comprennent et excusent les personnes aux propos les plus déments, inutiles ou futiles, trouvent toutes les excuses aux extrêmistes de tous bords. Ils sont sûrement moins dérangeants...

Il y a ensuite les personnes qui vont vous expliquer combien rien ne peut changer, que le monde est malade, qu'il n'y a pas d'espoir. Elles vont s'inquiéter de votre ambition et vous incitent au réalisme, à revenir sur terre, à arrêter de rêver. Sutout pas de hauteur de vue, surtout du concret ! disent-elles. Et surtout ne rien faire pour les réveiller de leur pessimisme. Elles sont pessimistes pour plusieurs et à leur contact prolongé toute votre énergie fond comme neige au soleil.

Il y a enfin les personnes plus sournoises qui vous disent que vos idées, vos projets sont tellement génieux, mais qui s'inquiètent de votre capacité à les mettre en oeuvre, à les partager et craignent pour vous le discrédit ("c'est si vite arrivé !). Elles disent leurs craintes pour votre bien, of course : "je ne voudrais pas que tu sois déçu..." Elles s'assurent aussi, pourvu qu'elles se prétendent un peu spirituelles, que vous n'agissez pas par orgueil ou ambition démesurée. Ces personnes sont enclines à vous dire combien elles vous ont défendu face à l'adversité : "Tu te rends compte, untel a dit que tu étais un affreux orgueilleux ! Mais je t'ai défendu..." Merci, mais je préfère m'occuper de ma défense moi-même, si tant est qu'il faille se défendre...

Finalement, peu de gens sont capables de sortir de ces habitudes mentales de voir le monde par le prisme du partage et de la coopération et non pas de la jalousie et de la compétition. On se sent, dans un tel monde comme décalé, marginal.

Ce qu'il faut de réserves de volonté et de confiance pour avancer, pour continuer à y croire, pour garder cette boussole intérieure qui nous assure que le cap est bon ! Ce qu'il faut de patience pour ne pas croire et ne pas s'attacher à ce que les autres nous disent ! Ce qu'il faut de courage pour accueillir d'avoir le coeur brisé par tous ces jugements et continuer quand même.

Ce n'est que parce que je n'attends rien de mes projets, que je ne m'attache pas à des objectifs, que je me réjouis simplement du voyage et pas de la destination que je peux tenir. Tout est du bonus et l'adversité une leçon toujours fraîche. Je ne peux pas échouer. Chaque pas est un succès ; être là est un succès ; me tromper est un succès ; écouer est un succès ! Et je suis ébloui de le constater en moi. Mais je sais que 95% des gens ne peuvent pas le comprendre et je suis triste pour eux...

(Toute ressemblance, dans ce texte, avec des personnes existantes n'est pas le pur fruit du hasard... Si vous vous reconnaissez, vous avez gagné, vous êtes déjà lucides... À bon entendeur !)

Adversité, mon amie !